Mildred Simantov et Nils Thornander abordent la ville comme une vaste scène mondialisée. Programmés par Nuit Blanche en 2010 au Musée Carnavalet, ils convoquent les parisiens à un banquet utopique dans « Réfectoire ». À la demande de la Ville de Paris, ils infiltrent leurs compositions dans les audio-guides des Musées d'Art Moderne, Bourdelle et Zadkine avec une création musicale originale en commentaire des chefs-d’œuvre qui y sont exposés. Approcher la ville est un thème récurrent du binôme Simantov-Thornander. Avec « Suspicious Bodies », ils décrivent l’aéroport et la fouille du passager qui les conduisent à imaginer des panneaux lumineux alternant le visible et l’invisible des corps scannés, étape obligatoire avant leur arrivée en ville. Les bruits et les voix enregistrés sur un quai du métro de Narita forment le décor sonore de « Waiting for the Peak Oil » et reproduisent son impact sur les usagers qui en sont imprégnés. Le tourisme urbain est évoqué dans « Early Swedish Boys » où le Sacré-Coeur et quatre adolescents suédois sont intégrés à une mise en scène tridimensionnelle - photo-vidéo et bois de chauffage gravé. La ville divisée en fonctions spécifiques leur inspire une zone Fumeurs dont les contours ironiques dessine une aire dédiée à la cigarette comme activité sportive. Ils investissent ainsi le toit de la Cité de la Mode pendant la Chic Art Fair avec l’installation-concert « Olympic Smoking Area ». Simantov-Thornander créent au Palais de Tokyo « Fresh as a Daisy », performance musicale augmentée d'une vidéo de voyages dans les grandes métropoles du monde, à l’occasion de la sortie du livre flashcodé de leur groupe de Pop électro-bruitiste L’Âge Adulte. Armés de leur volonté de comprendre et de dompter la ville, ses violences et ses beautés, ils interviennent aussi dans l’intimité des appartements berlinois, tokyoïtes et parisiens en confrontant leurs points communs et leurs dissemblances dans l'installation « As a Kamikaze Blow-Job », vidéo HD projetée sur photographie en ultra haute résolution. En photographiant l'étape essentielle et provisoire de prestigieux chantiers en cours, ils poursuivent avec SHELTER FOR THE EARTH leur exploration esthétique et topologique de la ville, par laquelle ils en saisissent la mue.